Accord fédéral de Pâques - quel impact pour nos CPAS ?
- jgtylleman
- 5 juin
- 4 min de lecture

Le jeudi 24 avril 2025, j'ai eu l'occasion de m'exprimer sur la réforme mise en place par le Gouvernement fédéral au sujet des allocations de chômage et de ses impacts sur nos Centre Publiques d'Action Sociale (CPAS). Voici ma réponse à cette question orale d'actualité.
La question (Delphine De Sauvage, ECOLO) :
Madame la présidente
Madame la Députée,
Messieurs les Députés,
Monsieur le Gouverneur,
Chers collègues.
Suite à l’accord de Pâques conclu par le Gouvernement fédéral, la suppression des
allocations de chômage pour les demandeurs et demandeuses d’emploi de plus de deux
ans a été confirmée. Une mesure certes attendue, mais dont l’ampleur reste préoccupante :
elle concernerait au moins 100 000 personnes au niveau national, dont 55 000 en Wallonie.
Même si le gouvernement affirme que ce n’est pas l’objectif visé, il est clair que les CPAS —
notamment ceux du Brabant wallon — seront en première ligne pour faire face à un afflux
important de demandes d’aide sociale et de revenu d’intégration.
Cette transition, d’une ampleur inédite, soulève de sérieuses questions sur la capacité de
nos services publics locaux à absorber cette charge supplémentaire, alors qu’ils sont déjà
sous pression. Selon la Fédération des CPAS, le nombre de dossiers a doublé en 15 ans,
pour une hausse de personnel de seulement 8 %.
Cette réforme aura des répercussions majeures sur le tissu social du Brabant wallon, une
Province souvent perçue comme aisée, mais où la précarité reste malheureusement une
réalité pour de nombreuses familles.
Bien que cette décision relève du niveau fédéral et que les communes en soient les
premières impactées, la Province dispose de leviers d’action — en matière social, d’insertion
ou de soutien associatif — et se revendique régulièrement comme un acteur moteur en
matière de supracommunalité. Dès lors, il apparaît essentiel que notre institution anticipe,
dès à présent, la pression sociale qui s’annonce.
Les modalités d’application restent floues à ce stade, mais les effets se feront sentir dès cet
été, et les inquiétudes sont déjà vives sur le terrain.
C’est pourquoi je souhaite poser les questions suivantes :
● La Province a-t-elle déjà évalué l’impact potentiel de cette réforme sur les CPAS du
Brabant wallon et sur l’ensemble des acteurs de l’aide sociale ? Dispose-t-on d’une
estimation du nombre de personnes concernées dans notre province et des
communes les plus exposées ?
● Un fonds provincial exceptionnel, via des appels à projets, pourrait-il être envisagé
pour renforcer les capacités des CPAS à répondre à l’augmentation des demandes ?
● Des renforcements sont-ils prévus pour les dispositifs provinciaux d’insertion
socio-professionnelle, en partenariat avec les opérateurs régionaux et associatifs ?
● Enfin, une concertation spécifique est-elle planifiée avec les communes, les CPAS,
les associations de terrain et les services de santé, afin de coordonner l’action et
prévenir une aggravation de la précarité dans notre province ?
Je vous remercie.
Ma réponse :
Madame la Présidente,
Monsieur le Gouverneur,
Chers Collègues,
Madame la Conseillère.
Merci pour votre question, qui met en lumière une problématique sociale importante ! Vous m’interrogez sur l’impact que pourrait avoir, pour les CPAS, la suppression des allocations de chômage pour les demandeurs d’emploi de plus de deux ans, et ce, chez les personnes de moins de 55 ans. C’est une question tout à fait légitime. Et vous avez raison : malgré l’image souvent associée au Brabant wallon comme province privilégiée, la précarité y est bien réelle, et elle reste une préoccupation majeure pour nous tous.
Cela dit, il me semble important de rappeler que cette mesure relève avant tout des compétences fédérales, régionales et communales. À ce titre, le Gouvernement fédéral a annoncé une enveloppe de 400 millions d’euros pour soutenir les CPAS face à cette nouvelle réalité. Il est donc essentiel que ces niveaux de pouvoir soient pleinement mobilisés, et je vous invite à leur adresser également cette question via vos élus respectifs.
Cela étant dit, la Province dispose d’outils de coordination et de dialogue, comme le «27+1», qui lui permet d’être en prise directe avec ce que vivent les communes. La politique de renforcement et de développement des secteurs de la santé et du social sera certainement à l’ordre du jour lors d’une de ses prochaines réunions. En effet, le 27 + 1 se veut être à l’écoute des communes et le relais de leurs préoccupations. Lorsque des besoins structurels sont exprimés, la Province évalue alors l’opportunité de mettre en place des politiques adaptées, en veillant à ne pas se substituer aux niveaux de pouvoir compétents dans une logique de subsidiarité et de complémentarité.
Notre lien étroit avec les acteurs de terrain est également essentiel : ce sont eux qui nous rapportent, chaque jour, les difficultés vécues sur le terrain, et nous restons bien entendu à leur écoute.
Enfin, concernant les chiffres précis des personnes concernées, il est encore un peu tôt pour se prononcer. Les personnes impactées disposent actuellement d’un délai de six mois pour se réorienter ou retrouver un emploi. Il faudra donc attendre un peu avant de pouvoir mesurer pleinement les effets concrets de cette décision.
Nous savons que chaque territoire, chaque situation vécue par les communes et leurs administrés, est unique. Nous restons présents et attentifs à chacune d’entre elles selon ses besoins spécifiques.
Je vous remercie.
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