Lors du Conseil provincial du 16 décembre 2021, notre collègue Olivier Vanham a pris la parole pour interroger le Collège au sujet de la démolition du viaduc Herrmann Debroux et ses potentielles conséquences pour les navetteurs du BW.
Monsieur le Président,
Monsieur le Gouverneur,
Mesdames et Messieurs les Députés provinciaux,
Chers Collègues,
De par son histoire et sa géographie, le Brabant wallon entretient depuis toujours une relation privilégiée avec Bruxelles et ses habitants. C’est justement parce que ces liens qui nous unissent sont importants que je suis avec attention, comme vous tous je pense, les décisions bruxelloises qui, depuis maintenant quelques mois, isolent de plus en plus la Région de Bruxelles et les Bruxellois. Un triste constat mais qu’il faut bien admettre : les dossiers du péage urbain, de la fermeture (finalement temporaire) de la boucle sud du Bois de la Cambre, du vrai/faux rachat de terres agricoles brabançonnes et maintenant la question de la démolition du viaduc Herrmann Debroux à Auderghem[1] démontrent l’absence de volonté, de la part des autorités bruxelloises, de concertation avec les Brabants wallons et flamands, dont les populations sont pourtant fortement impactées par de telles décisions !
J’ai bien conscience de ne pas être le seul (ni le premier) à me prononcer sur ce nouveau dossier mais j’aimerais néanmoins à mon tour exprimer l’avis de notre parti et interroger le Collège provincial : toute aussi légale qu’elle soit, la décision de la Région bruxelloise d’avancer vers la démolition du viaduc Herrmann-Debroux ne peut se concevoir sans concertation avec les territoires voisins ! Rappelons en effet qu’une des probables conséquences de cette démolition sera un allongement des files sur la E411, tant en Flandre qu’en Brabant wallon et donc au détriment des nombreux navetteurs se rendant tous les jours sur leurs lieux de travail, à Bruxelles. En l’absence d’un renforcement des transports en commun (offre de train et de bus suffisante, parking de délestages, etc.), il est inenvisageable que les Brabançons wallons soient les dindons de cette mauvaise farce qui, non content de nous pénaliser, pénalisent certainement les Bruxellois eux-mêmes, qui se retrouvent à leurs corps défendant de plus en plus isolés !
Le ministre-Président bruxellois Rudy Vervoort a-t-il répondu à la lettre adressée par le Collège provincial le 27 octobre dernier ? Dans le cas contraire, je voudrais savoir si ce dernier envisage d’autres moyens pour se faire entendre. Peut-on envisager de demander une intervention de la Région wallonne pour exiger qu’une concertation ait bien lieu ?
Je vous remercie.
[1] Arnaud Huppertz, « Démolition du viaduc Herrmann-Debroux : le Brabant wallon veut une concertation », Bruxelles : La DH/Les Sports+, 13-11-2021, https://www.dhnet.be/regions/brabant/demolition-du-viaduc-herrmann-debroux-le-brabant-wallon-veut-une-concertation-618f5e05d8ad587c1b85b947, 17-11-2021, 17-11-2021.
Réponse (Marc Bastin, MR) :
Monsieur le Président, Monsieur le Gouverneur, Madame et Messieurs les Députés, Chers Collègues. La politique de mobilité de la Région bruxelloise fait décidément couler beaucoup d’encre en Brabant wallon ces derniers temps. Suivant un comptage du nombre de voitures particulières réalisé par la Région flamande en octobre 2016, quelque 3.650 véhicules transitent par le viaduc Herrmann-Debroux, par heure, alors que la capacité maximale du viaduc est évaluée à 3.600 véhicules. Près de 60,2% de ces véhicules proviennent de la E411, contre 23,3% venant du Ring Sud et 16,4% du Ring Nord. Cela vous donne une idée du nombre d’automobilistes impactés. Une série d’études ont été réalisées par la Région de Bruxelles Capitale dans le cadre du Plan d’Aménagement Directeur (PAD) Delta – Herrmann-Debroux. Ces études ont montré que la réduction de la capacité de l’axe reliant le Carrefour Léonard à Delta allait amener un report modal vers les transports publics. C’est en tous cas ce que la Région espère… Le PAD préconise des mesures spécifiques afin d’améliorer et renforcer les alternatives aux déplacements en voiture, tels un renforcement de l’offre en transports publics, la création d’un parking spécifique P+R dans le périmètre du PAD, la création d’un itinéraire cyclable de grande qualité, l’encouragement du télétravail, du covoiturage et des navettes d’entreprises ou autres mesures encore… Nous comprenons et adhérons parfaitement à ce besoin de revoir les modes de mobilité à Bruxelles, en ce compris au niveau des voies d’accès venant de la périphérie, et la réflexion en cours sur le réaménagement du viaduc Herrmann-Debroux, mis en service en 1973. Toutefois, il est évident qu’une concertation avec les différents acteurs, les trois Régions, les communes limitrophes et les deux Provinces de Brabant, est essentielle. Ce besoin impératif de concertation a d’ailleurs été à plusieurs reprises souligné par la commission régionale de développement « Perspective.brussels » dans le rapport qu’elle a rédigé le 9 juillet 2020. C’est donc tout naturellement que, comme vous l’avez souligné, nous avons demandé dans notre courrier à Monsieur Rudy Vervoort du 27 octobre dernier une réunion de concertation. Ce courrier est resté malheureusement sans réponse à ce jour. Ce besoin de concertation ne se limite d’ailleurs pas au seul dossier du viaduc Herrmann-Debroux mais s’étend incontestablement à d’autres dossiers puisque tous les projets en mobilité ont des implications transrégionales. Et ce sont des projets sur lesquels il faut avoir une vision globale. Je pense, par exemple au Bois de La Cambre, sur lequel nous sommes aussi intervenus, au projet de taxe kilométrique ou à la future autoroute à vélo qui va relier Louvain-la-Neuve à Bruxelles en longeant la E411. Son itinéraire passe sur les trois Régions. Cette concertation doit donc avoir lieu. Il en va de l’intérêt de Bruxelles, de la Flandre, du Brabant wallon et de la Wallonie en général, chacun devant être libre d’aller au travail, d’étudier, de se faire soigner, etc., à Bruxelles. Cela est d’autant plus vrai, aujourd’hui, que le report modal vers les transports publics est encore un voeu pieux. Le RER n’est toujours pas sur les rails et l’offre de bus n’est pas assez compétitive, malgré les efforts fournis. Toutefois, il ne faut pas désespérer, le chemin est encore long et le viaduc ne sera pas démoli demain. Cela nous laisse un délai pour faire entendre notre voix et celle des Brabançons wallons. Soyez sûr que nous y travaillons. J’espère avoir répondu à votre question et vous remercie de votre attention.
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