Les évènements se suivent et, malheureusement, se ressemblent pour le Centre culturel de Braine-l'Alleud. Ainsi, après avoir fait l'objet d'un audit à la demande de la Commune (son principal pouvoir subsidiant), voilà que cette dernière annonce vouloir retirer ses billes et, même, créer une "Maison de la Culture" (structure concurrente, directement contrôlée par le Collège).
Face à ce triste dénouement, la Province du BW (elle aussi pouvoir subsidiant) ne peut rester sans rien faire ! C'est pourquoi Olivier Vanham, conseiller provincial brainois, a pris l'initiative d'interroger le Collège provincial en ce sens : comment compte réagir la Province à cette situation plus que tendue ?
Retrouvez ci-dessous son intervention.
Monsieur le Président,
Monsieur le Gouverneur,
Mesdames et Messieurs les Députés provinciaux,
Chers Collègues.
Il y a maintenant trois mois, j’introduisais une de mes questions orales d’actualité par ces mots : « J’ai la conviction que la recherche du bien commun ne peut s’atteindre que dans un climat serein et à travers le dialogue et la confiance » et je poursuivais ensuite en déplorant qu’au vu des relations tendues entre la Commune de Braine-l’Alleud et son Centre culturel, un tel climat ne pouvait s’observer.
La situation était donc tendue mais j’étais loin de croire que celle-ci pouvait s’empirer. Hélas, l’actualité récente m’a donné tort puisque fin mars le Bourgmestre annonçait d’une part la fin du subside communal versé au Centre culturel et d’autre part la création d’une Maison de la Culture et ce, dès l’année prochaine[1].
Des annonces ponctuées par des mots durs prononcés par le Bourgmestre lui-même puisque celui-ci a qualifié le Centre culturel d’outil "dépassé" ou même de «tache» pour Braine-l’Alleud et ce, suite à l’instruction par le Parquet du dossier déposé par le Collège communal auprès du Procureur du Roi. Bref, des annonces et des mots qui signifient la volonté de mise à mort du Centre culturel par le Collège communal.
Des annonces et des mots extrêmement choquants et violents mais surtout une intolérable violation du respect de la présomption d’innocence dont devrait bénéficier le Centre culturel. Présomption d’innocence d’autant plus légitime lorsque l’on entend les points de vue du Centre culturel et de la Ministre de Tutelle elle-même, Madame Linard.
Vous l’aurez compris, nous sommes loin, très loin d’un climat serein et personne ne peut rester indifférent à ce qui se passe actuellement dans ce dossier. Ne fût-ce qu’en pensant aux 11 travailleurs qui, potentiellement, vont se retrouver au chômage suite à cette annonce.
Nous voilà donc aujourd’hui avec un Centre culturel, placé en « obsolescence programmée » par sa propre Commune ! Un cadeau d’anniversaire (le Centre culturel fêtant en effet ses 50 ans cette année) dont se seraient bien passé les travailleurs actifs au sein de cette structure !
Une situation de plus en plus explosive donc et qui n’est dans l’intérêt de personne, à moins de se complaire dans le conflit !
C’est pourquoi je me permets de m’adresser une nouvelle fois au Collège provincial, lui aussi représentant de l’un des pouvoirs subsidiants du Centre culturel.
En effet, en décidant de rompre le contrat programme qui le lie au Centre culturel, la Commune de Braine-l’Alleud va devoir trouver des fonds pour financer le fonctionnement de sa Maison de la Culture et surtout compenser la perte du subside annuel de plus de 300.000 euros versé par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Il y a donc fort à parier que le Collège communal brainois vienne frapper à la porte du Collège provincial afin de pouvoir garantir l’obtention au minimum du montant du subside annuel versé au Centre culturel, c’est-à-dire 10.000 euros. Le Collège communal serait d’ailleurs certainement tenté de vouloir l’augmenter en valorisant les autres subsides tel que ceux obtenus par le Centre culturel dans le cadre des règlements « Arts et Vie » ou « Spectacles à l’Ecole » par exemple.
Je souhaite donc savoir quelle serait l’attitude du Collège provincial fasse à une telle demande. Le Collège provincial pourrait-il être à son corps défendant un acteur de cette mauvaise pièce ? J’espère bien sûr que non et j’en appelle à nouveau le Collège provincial à plutôt jouer un rôle de médiateur, dans l’espoir de ramener un climat serein propice aux échanges constructifs.
Je vous remercie.
[1] Jean-Claude HENNUY, « Mourir à 50 ans, c’est trop tôt : le cri de détresse du Centre culturel de Braine-l’Alleud », Bruxelles : RTBF, 22 avril 2022, https://www.rtbf.be/article/mourir-a-50-ans-cest-trop-tot-le-cri-de-detresse-du-centre-culturel-de-braine-lalleud-10978942, 26-04-2022, 26-04-2022.
Réponse :
Monsieur Tanguy Stuckens : (MR)
Monsieur le Président, Monsieur le Gouverneur, Mesdames et Messieurs les Conseillers provinciaux, Chers Collègues. Je vous remercie, Monsieur le Conseiller, pour votre question relative à la situation du centre culturel de Braine-l’Alleud. Comme vous l’avez souligné, j’avais déjà eu l’occasion de vous exposer la position du Collège sur ce dossier à l’occasion de la séance du Conseil provincial de janvier dernier, et cette position demeure inchangée. N’attendez pas de moi que je jette de l’huile sur le feu dans un dossier qui nécessite sang-froid, recul et apaisement. Tous ceux qui, aujourd’hui, politisent ce dossier ou tentent d’en tirer profit ne rendent pas service à la Culture ni au centre culturel. Ce dossier est, d’une part, à l’instruction au sein du Parquet du Brabant wallon, ce qui implique un devoir de réserve évident, je n’ai donc aucun commentaire à émettre à ce sujet. Par ailleurs, comme vous l’avez souligné, la Ministre de la Culture a indiqué – c’est dans la presse de ce matin – se saisir du dossier et désigner, comme médiateur, un commissaire du Gouvernement. Retenez simplement qu’aujourd’hui, officiellement comme officieusement, le soutien du Brabant wallon au centre culturel de Braine-l’Alleud n’est pas remis en question. Concernant vos questions précises relatives au financement, je n’ai pas à me prononcer sur les différentes hypothèses que vous avancez. Je précise toutefois que le Brabant wallon soutient de très nombreux opérateurs culturels du territoire pour des évènements, des festivals, des concepts ou des saisons culturelles, qu’ils soient reconnus – ou non – par la Fédération Wallonie-Bruxelles, financés – ou non – par celle-ci. Ce qui nous importe pour soutenir un projet, c’est la qualité de ce projet, son rayonnement, sa créativité et non l’identité de celui ou celle qui le porte. Au risque de me répéter, le Collège provincial ne peut prendre position sur des dossiers ou des demandes qu’il n’a pas reçus, sur base d’hypothèses et de spéculations qui sont aujourd’hui prématurées. J’en appelle encore une fois à la prudence, à l’apaisement, et soyez assuré du fait que nous suivons la situation de près. Je vous en remercie.
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