
Les six premiers mois de l'année 2024 ont été marqué par une météo plus que maussade, ayant entrainé dans le courant des mois de mai et de juin quelques inondations dans le Brabant wallon. Ce fut notamment le cas à Walhain où, malgré les avancées en matière d'infrastructures de lutte contre les inondations, il reste encore fort à faire en la matière.
Afin d'en apprendre plus sur le soutien provincial à la réalisation d'une Zone d'Immersion Temporaire (ZIT) dans cette commune, le Conseiller provincial Olivier Vanham a interrogé le Collège provincial le 27 juin 2024.
Monsieur le Président,
Monsieur le Gouverneur,
Mesdames et Messieurs les Députés provinciaux,
Chers Collègues.
Le printemps 2024 restera certainement dans les mémoires comme l’un des plus pluvieux que notre pays ai jamais connu. Si jusqu’alors les conséquences se limitaient à l’impact sur notre moral et aux dégradations des affiches électorales (qu’il aura fallu remplacer plus souvent que d’ordinaire), la situation a récemment pris un tournant bien plus tragique avec de nouvelles inondations dans le Brabant wallon[1]. Ce fut notamment le cas dans des communes comme Chastre, Jodoigne, Mont-Saint-Guibert, Villers-la-ville ou encore Walhain, touchée la semaine dernière avec le débordement du Hain.
Fort heureusement, la présence de nombreuses infrastructures de lutte contre les inondations aura certainement permis de limiter les dégâts. Difficile cependant de déterminer avec exactitude le degré d’efficacité de ces aménagements. Ce point m’amène à m’interroger sur le bilan, d’une manière générale, de ces structures. Le Collège provincial pourrait-il nous dresser un bilan du fonctionnement des infrastructures anti-inondations lors de ces derniers épisodes pluvieux ? Quels furent les aménagements les plus mobilisés ? Ont-ils tous remplis leurs fonctions d’une manière optimale ?
Concernant plus spécifiquement la commune de Walhain, je souhaiterais savoir où en est-on dans le projet de ZIT au Pré d’Auffe ? Ce projet qui, pour rappel, doit se réaliser notamment grâce à un subside de la Région de 1,7 millions d’euros, permettrait de contenir 150.000 m3 d’eau et protègerait Nil-Saint-Vincent et toute la région en aval. Existe-il des possibilités d’accélérer sa mise en œuvre ? Enfin, dans la mesure où cet investissement ne protègera pas Walhain et les villages en amont, la Commune de Walhain a récemment lancé diverses études sur 9 autres sites en amont. Afin d’aider la mise en œuvre de ces projets, ne serait-il pas utile de réfléchir à la mise en place d’une cellule provinciale de lutte contre les inondations qui pourraient aider les communes à développer et mettre en œuvre ces projets (soutien technique, gestion des marchés publics, négociations avec les agriculteurs, rachat de parcelle, entretien des infrastructures, etc.) ?
Je vous remercie.
[1] La Rédaction avec Belga, « Brabant wallon : inondations à Chastre, Jodoigne et Mont-Saint-Guibert, débordement du Hain à Walhain », Bruxelles : RTBF, 18/06/2024, https://www.rtbf.be/article/brabant-wallon-inondations-a-chastre-jodoigne-et-mont-saint-guibert-debordement-du-hain-a-walhain-11391342, 20-06-2024, 20/06/2024.
Monsieur Marc Bastin : (MR)
Monsieur le Président, Monsieur le Gouverneur, mes chers Collègues, Monsieur le Conseiller provincial.
Je vous remercie pour votre question qui me donnera l’occasion de faire un bilan de nos infrastructures de lutte contre les inondations. Ce sera un petit peu long mais exhaustif. À ce jour, la
Province dispose de 19 ouvrages de lutte contre les inondations de type bassin d’orage (BO) ou Zone d’Expansion de Crue (ZEC) dont il convient d’assurer la gestion, notamment en termes d’entretien et de curage, ceci afin de les maintenir opérationnels en continu. Ces ouvrages provinciaux existants totalisent un volume cumulé de plus de 350.000 m³ d’eau stockable en cas d’évènements extrêmes.
Parallèlement à cette gestion, d’autres nouveaux ouvrages viennent progressivement compléter cette protection. Au cours de la législature 2018-2024, 3 nouveaux ouvrages ont été réalisés : la ZEC du Gentissart, à Villers-la-Ville, de 24.700 m³ ; la ZEC de l’Orne à Chastre, de 10.000 m³ ; et la ZEC de la Petite Gette à Orp-Jauche, de 34.800 m³. En 2024, un 4ème ouvrage est en cours de réalisation sur le Ry des Corées à Orp-Jauche, je donnerai une illustration à Monsieur le Conseiller provincial qui accompagne ma note. Des sondes de mesure de hauteur d’eau permettant de suivre en temps réel le fonctionnement des ouvrages ont également été installées sur 14 des 19 ouvrages de lutte contre les inondations. Ces sondes permettent d’objectiver le remplissage et la vidange des ouvrages lors des évènements pluvio-orageux, mais également d’assurer une surveillance à distance des ouvrages (via ce qu’on appelle un « monitoring »). Comme mentionné dans la question d’actualité, l’hiver et le printemps précédents ont été fortement pluvieux, tant en termes de durée que de quantité de précipitations. À la sortie de cette longue période, différents évènements pluvieux et orageux ont impacté le Brabant wallon, que ce soit de manière plus généralisée ou parfois plus localisée. Les ouvrages provinciaux de lutte contre les inondations, lorsqu’ils étaient sollicités en fonction de l’hétérogénéité des pluies, dans leur localisation ou dans leur intensité, ont tous fonctionné de manière optimale. Ainsi, à titre d’exemple, les évènements du 18 juin dernier ont particulièrement affecté le bassin versant de la Dyle et ses affluents comme l’Orne, le Train ou encore le Hain (Nil). À cette occasion, de manière indicative, certaines stations météorologiques privées ont ainsi enregistré des quantités de pluie oscillant entre 40 et 70 mm sur quelques heures, comme du côté de Villers-la- Ville. La ZEC du Gentissart, ouvrage provincial réalisé en 2018, a ainsi pu remplir pleinement son rôle en stockant temporairement approximativement 30.000 m³, de quoi éviter les débordements dans le centre-ville situé en aval. De manière plus large, depuis sa création, elle a permis d’écrêter les crues à 5 reprises en se remplissant à plus de 50%, dont à 3 reprises au-delà de 80%. Non loin de là, et lors du même évènement, la ZEC de l’Orne située à Chastre s’est également remplie à son volume maximum, aux environs de 10.000 m³, permettant ainsi de limiter fortement les débordements en aval. Un peu plus à l’est, où les précipitations étaient moins importantes, la ZEC de la Petite Gette, inaugurée en 2023, s’est également mise en fonctionnement afin de commencer à temporiser l’afflux d’eau et contrôlant ainsi le débit à l’aval à Orp, également une petite illustration, monsieur le Conseiller.
Concernant le projet de ZIT sur le Nil, situé au « Pré d’Auffe », la commune de Walhain s’est en effet vu octroyer un subside d’un montant d’approximativement 1,7 millions d’euros pour un projet global, mêlant notamment un volet environnemental et hydrologique. Pour cette dernière composante, la Province, gestionnaire du cours d’eau et profitant de son expérience dans la réalisation de ce type d’ouvrage, n’a pas attendu le subside pour déjà financer, lancer et suivre l’étude destinée à la réalisation de l’ouvrage, cette dernière étant au stade de l’instruction de l’avant-projet ! Toutefois, comme pour les autres projets de ce type, si la volonté communale et provinciale est d’avancer au plus vite, l’avancement est directement conditionné, comme je le dis souvent, par le volet lié aux acquisitions patrimoniales. Concernant l’éventuelle mise en place d’une cellule provinciale de lutte contre les inondations, la Province fonde sa stratégie depuis plusieurs années sur 4 axes, tous basés sur la supracommunalité. Parmi ces mesures, je cite pour exemple : l’appel à projets de lutte contre le ruissellement ; la centrale de marché pour l’entretien des cours d’eau ; ou encore l’accord-cadre pour la conception d’ouvrages. Par ailleurs, permettez-moi d’insister également sur l’importance de la plateforme de lutte contre les inondations qui permet non seulement d’identifier les ouvrages de rétention existants, de cartographier les zones inondées lors des 30 dernières années mais également de rassembler l’ensemble des acteurs concernés. Outres ces éléments, j’ajouterais que de nombreuses réunions par bassins versants sont organisées afin de conscientiser les communes sur l’importance de la localisation des ouvrages, que ce soit en et/ou en dehors de leur territoire. Pour en revenir aux ouvrages provinciaux de lutte contre les inondations, 12 projets sont également à l’étude afin d’améliorer la protection des territoires communaux (9 nouveaux ouvrages et 3 réaménagements/agrandissements d’ouvrages existants) : sur le Pisselet et le Ry des Papeteries à Chaumont-Gistoux ; sur le Piétrebais à Grez-Doiceau sur la Cala à Genappe sur le Stincup-Laubecq à Rebecq ; sur la Thyle à Villers-la-Ville ; sur la Grande Gette à Ramillies ; sur la Houssière à Mont-Saint-Guibert ; sur le Nil à Walhain ; sur le Thorembais à Perwez ; sur l’Orbais à Incourt ; sur la Néthen à Beauvechain. En multipliant les projets sur ses cours d’eau, le Brabant wallon vise à la fois à réduire les débits transitant vers l’aval mais également, d’une part, à faire face à la variabilité spatiale dans la dynamique des précipitations, les orages étant souvent par définition localisés, et, d’autre part, à parer à l’intensification des scénarios du changement climatique en multipliant les protections sur les différents affluents d’un même bassin versant. Si le suivi de ces axes et de ces projets mobilise actuellement l’ensemble des ressources provinciales en la matière, l’objectif du Brabant wallon est de poursuivre sa politique de lutte contre les inondations. Les évènements de l’été 2021 ont montré la vulnérabilité de notre territoire face à ce type d’évènement et les conséquences attendues du changement climatique viennent renforcer les besoins pour ce type d’ouvrages. Si la réalisation d’ouvrages de lutte contre les inondations est indispensable, une réflexion doit également être menée à l’échelle des bassins versants contributifs des cours d’eau, notamment en menant une réflexion globale en lien avec les zones de production et de transfert des eaux de ruissellement, ces dernières étant directement dépendantes du territoire dans son ensemble (occupation du sol, mesures antiérosives, pratiques agricoles adaptées, urbanisation réfléchie, infiltration à la parcelle…). En effet, si temporiser les eaux une fois celles-ci arrivées dans les rivières est indispensable pour limiter les risques d’inondations par débordement, ces mesures doivent s’accompagner d’actions complémentaires tout aussi importantes à l’échelle du territoire afin de ralentir et diminuer les flux qui rejoignent les cours d’eau. Ceci est d’autant plus important face aux défis climatiques de demain où les quantités d’eau seront de plus en plus importantes et concentrées dans le temps, mais également considérant la forte réactivité et sensibilité du territoire brabançon wallon, à la fois terre de production agricole très riche et terre hautement urbanisée. Je vous remercie pour votre attention.
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